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Interview – Ecole de la Nature, Kesako ?

J’ai créé en 2013 l’association “Ecole Buissonnière” dans le but de reconnecter les enfants à la nature, il s’agissait de faire planter des arbres fruitiers aux écoliers, à proximité ou dans les écoles. Les enfants pouvaient donner à leur arbre , leur nom et leur prénom. Aujourd’hui près 300 arbres sont plantés.

Interview – Ecole de la Nature, Kesako ?

Présentation

1. Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Elise Roche.  Je vis aux Vans en Ardèche.

Et pour raconter un peu notre histoire, quand mes enfants étaient scolarisés en Provence à l’époque, j’ai observé qu’ils mangeaient de l’agneau de Nouvelle zélande à la cantine, des tomates et des aubergines en hiver. C’était pour moi une abération. J’ai essayé de faire passer la cantine en local, de saison, frais et sans traitement chimique.

J’ai créé en 2013 l’association “Ecole Buissonnière” dans le but de reconnecter les enfants à la nature, il s’agissait de faire planter des arbres fruitiers aux écoliers, à proximité ou dans les écoles. Les enfants pouvaient donner à leur arbre , leur nom et leur prénom. Aujourd’hui près 300 arbres sont plantés.

Depuis septembre 2017, nous avons avons diversifié les actions de l’association et ouvert une école de la nature, l’Ecole Buissonnière : une école dans les arbres.

J’ai un enfant qui a le syndrome “Gille de la Tourette”. C’est une maladie qui se manifeste par des TIC, de l’anxiété, des obsessions, des phobies, des grimaces ou des gestes incontrôlés. Ca peut aussi être des bruits, des grossièretés… En France, 45 000 enfants sont concernés à des degrés divers. Il peut aussi y avoir , des troubles de l’attention, de l’apprentissage. C’est une maladie chronique, donc parfois elle se manifeste et parfois non.

 

2. Pourquoi et comment créait-on une école de la Nature ?    

En observant mon enfant, j’ai remarqué que les moments où il apprenait le mieux étaient quand il est en petit groupe. Dès qu’on le met dans un classe de 20, dans un groupe trop important, il capte toutes les émotions, ressent tout, ça le met dans des états pas possibles.

J’ai remarqué que dans la nature, ses symptômes étaient moindres. Certainement car elle lui offre la liberté dont il a besoin, il fait parti des enfants qu’on ne peut pas mettre derrière un bureau.

Enfin pour apprendre, il a besoin de méthodes différentes, il faut qu’il soit libre, en mouvement. Il faut qu’il soit guidé par ses envies.

J’ai donc créé une école qui réunit ces conditions : des méthodes adapatées, un espace de liberté en nature et un petit groupe.

Mon projet d’école est parti de mon enfant. Dans un système classique , il serait en souffrance…il fallait trouver une alternative. 

Plusieurs études scientifiques ont été faites au cours des dernières années sur l’impact positif qu’a la nature sur le corps humain. Les recherches d’ Henri Presson prouvent que l’exposition à un environnement forestier peut aider à prévenir ou à guérir les troubles du comportement et de l’apprentissage ainsi que des maladies comme l’anxiété, le stress, l’asthme, la dépression, les troubles du TDA/TDAH, l’hypertension et le diabète. Il entraîne une baisse de cortisol (l’hormone du stress) et favorise le développement de protéines anticancéreuses. Et ce, grâce aux terpènes émis par les arbres, une molécule que l’on retrouve dans les huiles essentielles. Voici en somme, pourquoi on créait une école de la nature.

Une maman dont un enfant est dysphasique et l’autre précoce m’a rejoint. Son enfant dysphasique a du mal à communiquer, à appréhender le groupe, mais dans la nature il peut s’allonger un quart d’heure au calme, à regarder le paysage, les nuages. De manière générale, quand l’enfant est plus calme, on peut tenter plus de choses, plus d’approches, notre environnement nature nous le permet.

J’ai créé une école qui réunit ces conditions : des méthodes adapatées, un espace de liberté en nature et un petit groupe.

 

3 Qu’est ce qu’une école de la nature ?

Le modèle de “Forestschool” est très développé au canada, les parents ont des lieux de regroupement pour réunir les personne qui ont fait le choix de l’instruction en famille. Ca se développe en Angleterre, en Suède et un peu en France.

A partir de nos constats, on essaie de mettre en place, des méthodes pédagogiques selon les besoins des enfants: Montessori, Freinet, Bernard Collot, mais aussi des outils comme les alphas, des jeux ludiques pour trouver leur point d’entrée, leur point d’accroche.

Les groupes d’enfants sont multi-ages. Le petit qui voit le grand évoluer, quand il le voit lire, il veut lire. Et le grand qui transmet au petit, ça lui permet de voir ce qu’il sait vraiment. Car en on sait expliquer une notion c’est qu’on l’a vraiment comprise. Le groupe est composé d’enfant ayant des différences, mais il y a aussi des enfants qui n’ont pas de différences dans notre école car le but ce n’est pas de reproduire le système des classe Ulysse des écoles de l’éducation nationale. Le but c’est d’apprendre ensemble, d’avoir un élan de solidarité.

Il n’y a pas de hiérarchie des matières. Si un enfant veut évoluer sur de la poterie, ça ne sera pas moins bien que de la lecture ou des maths, mais apprécié à sa juste valeur, la valeur que lui accorde l’enfant.

Il n’y a pas de temps imposé pour faire un même travail pour tout le monde.

Nous ne sommes pas vraiment une école. Nous sommes une association Loi 1901, qui porte le projet de la création d’une maison des apprentissages naturels, c’est un lieu, au milieu de la nature pour les parents qui font l’instruction en famille et où sont délivrés des ateliers : d’écriture, de lecture, de mathématiques, atelierrs de musique. On y développe tout un tas d’outils pédagogiques: qui permettent d’accéder aux différents règnes :  règne végétal, règne minéral, règne animal.

C’est un collectif parental. à partir de 12H30, les parents prennent le relais. La matin ce sont des intervenants et l’après midi les parents s’occupent des enfants et proposent des ateliers selon leurs compétences sur les thèmes de leur choix.

Concernant les enfants, il y un petit noyau dur qui reste le même et d’autres enfants qui viennent ponctuellement (des enfants en vacances, en pause, des enfants qui viennent de loin…)

Nous passons la majeur partie de notre temps dehors, mais nous avons un point de chute,  une yourte de 35mètre carré, où on peut se retrouver au chaud, se poser pour écrire, lire des histoires.

Tout est matière à apprendre, c’est très vivant, les apprentissages sont transversaux et naturels, quand on fait un potage, on compte les fruits, on regarde les saisons, on apprend les insectes, la biodiversité, la vie.

 

4. Sous quel statut sont déclarées ces écoles ? (Association, entreprise, publique, privé)

La mienne n’est pas une école a proprement dit. C’est une association de loi 1901, pour les parents instruisants en famille. J’habite le fin fond d’une campagne et j’ai 2 enfants en situtation de handicap, personne n’a de solution pour moi, aucune proposition de l’état pour que mes enfants puissent grandirent et apprendre à leur rythme. Un déménagement serait trop pertubateur, faire de la route pour aller à 50 kilomètres n’est pas envisageable.

La Mairie est informée est consciente de notre problématique et de la mise en place de notre structure.

 

Processus de création

5. Les créateurs d’écoles doivent-ils être dotés de compétences particulières ? Y a-t-il des conditions pour ouvrir une école de la Nature?

J’ai rencontré une personne formée au canada, dans les écoles de la nature. J’ai fait un stage de permaculture et d’agroécologie. J’ai beaucoup lu, je n’ai pas toutes les connaissances mais j’ai l’envie.

Ce qu’on demande particulièrement aux parents qui animent un atelier ou aux intervenants, c’est d’avoir l’envie de partager.D’avoir l’envie, d’avoir l’enthousiame, l’envie d’apprendre, de se tromper, de recommencer, d’évoluer au sein du groupe.

Et quand on n’a pas la compétence on fait appel a un professionnel, qui aura la connaissance et on apprendra avec les enfants.

 

6. Comment sont accueillis les projets de telles écoles par les autorités publiques (maire, rectorat) ? Et par le grand public (parents)?

Du coté de la municipalité, nous avons demandé une salle à la mairie, qui a refusé, par principe. Considérant certainement que les écoles de la république accueillent les handicapes, il ne voit pas l’utilité d’un lieu comme le notre, mais ils ne nous mettent pas de baton dans les roues non plus.

Lors de déclaration de ce type de structure, il y a aussi souvent le suspision que ce soit un lieu sectaire, 

Du côté du grand public, quand on a lancé le financement participatif, nous avons reçu un acceuil dingue, des commentaires très positifs, encourageants. On a ressenti une envie, un besoin de ce type d’école..

Les gens se posent des questions sur le sytème éducatif, le fait de faire des grandes études, n’assure aujourd’hui ni l’emploi, ni le bonheur. Ca remet tout en cause.

La vie va trop vite. Les projets dans la nature, ça freine le rythme : on se rend attentif à toutes choses, d’où vient le vent, où est le soleil. C’était un engouement incroyable, un soutien incroyable, peut-être pour ça aussi.

…le fait de faire des grandes études, n’assure aujourd’hui ni l’emploi, ni le bonheur.

 

Fonctionnement de l’école

7. Quelles sont les particularités pédagogiques et organisationnelles d’une école de la Nature? Qu’est-ce qui les différencie des autres écoles ?

D’un point de vu pédagogique :

On veut s’adapter au besoin de l’enfant. Le prendre là ou il en est et le faire progresser par rapport à lui et pas rapport à un programme.

C’est encore assez expérimental. Nous avons des grands principes, le petit groupe, le mutli-âge, le temps libre, mais pas de méthodologie à proprement parler.

Comme je vous le disais, on utilise tous les outils pédagogiques, qui permettent de créer un interêt chez l’enfant. Plusieurs pédagogies aussi, mais surtout beaucoup d’informel récolté dans situations authentiques de vie, qu’on va pouvoir formaliser en apprentissage plus tard.

Pour apprendre à lire par exemple, nos enfants on besoin de bouger, de passer dans un tunnel pour aller chercher la lettre “A” et non de l’apprendre sur une image figée, assis à une table. Leur attention et leur corps sont alors en mouvement et les enfants intègrent naturellement la notion.

Parmis nos outils pédagogiques, nous avons un bac à sable de gemmologie : quand les enfants trouvent une pierre avec le tamis, on va observer la pierre, transposer ça à l’écrit, connaître ses vertues, savoir d’où elle vient. Mais aussi aussi des ruches, une marre, un filet d’observation des oiseaux, un jardin, une fôret fruitière, un verger. Des outils vivants pour que les enfants soient dans le faire, dans un rapport horizontale aux choses, aux gens. Le savoir n’est pas transmis de façon magistral par un adulte sachant.

Dans la nature, ils sont dirigés par leurs intentions, leurs corps peuvent s’exprimer au moment où ils en ont besoin. Dans une école classique ils seraient en souffrance.

Donc c’est très vivant, ça peut partir d’une balade où on trouve des cynorhodons, (ce sont des églantiers, avec des petites boules au bout qui produisent du “poil à gratter”) , on les presse ça fait du jus, des bonbons, des tisanes. On a fait une petite cuisine extérieurs, ils font leur petite bouillie avec ce qu’il y a dans le potage, du romarin, de l’origan. On regarde ce qu’on peut fair avec tout ça, on regarde pour quoi c’est bon pour le corps. Tout ça c’est des apprentissages.

Du point de vu de la gestion :

Pour la partie école : on veut rester une toute petite structure, un noyau dur de 8 enfants le matin. Les ateliers de l’après midi peuvent recveoir de plus grands groupes, lors de l’intervention des parents.

Aline qui est enseignante,  s’occupe des enfants le matin, pour les apprentissages accès plus sur l’écrit, la lecture, mais elle peut aussi sortir en extérieur, si l’activité le nécessite.  A partir de midi les enfants vont dehors.

Pour la partie projet : une maman de l’association fait du lien avec les intervenants,  gère les contacts, les plannings des interventions, et moi je gère la partie finance/communication, je mets sur pied le projet.

C’est une petite structure alors on partage les tâches selon les compétences de chacun.

 

8. A quoi ressemble une journée type ?

La journée va de 9h30 à 16H30.

Il n’y a pas tellement de journée type dans le contenu, c’est surtout par rapport à ce qu’on vit, les trésors qu’on trouve; Le vivant nous dicte notre journée.

Si on casse une souche d’arbre et qu’on trouve un nid de fourmi, on peut étudier les fourmis pendant deux heures.

On alterne les temps dehors et à l’intérieur, généralement à l’interieur le matin et dehors l’après midi.

 

9. Quelles difficultés ces écoles rencontrent-t-elles au quotidien ?

Ce qui n’est pas facile, c’est de gérer la liberté. On passe d’un modèle des années 50 où on se prenait un coup de baguette quand on faisait faux, à quelque chose où l’enfant est responsable de son apprentissage, où il choisit son apprentissage.

Des fois on se laisse déborder par cette liberté et il faut remettre un cadre. Ce n’est pas facille de trouver le juste milieu, faire comprendre qu’on est là , mettre le bon cadre. Il faut qu’on les écoute pour les guider, sans que ce soit n’importe quoi.

 

10. Quels sont les tarifs d’une école de la Nature. Comment se justifient-ils?

Il y a beaucoup de bénévolat de la part des parents. Nous allons solliciter par exemple, des personnes retraitées pour les mettre à contribution, pour de la lecture.

Je suis en disposition pour monter le projet.

 Du coup la cotisation est de 100 à 150 euros par mois, parce qu’on veut au maximum privilégié l’entraide entre les membres.

 

11. Quelle est la place des religions ou des croyances individuelles, dans une école de la Nature?

C’est une différence comme une autre. Ni plus ni moins qu’une couleur de peau ou qu’un handicap.

Notre enseignante est musulmane, elle porte le foulard par exemple, ça n’a aucune incidence ni sur son travail, ni sur ses relations avec les gens. C’est une pratique personnelle qui n’est ni exposée, ni mis en avant, ça ne serait pas compris dans notre petit village. Mais c’est respecté, simplement.

Je pense qu’il faudrait laisser les enfants trouver leur propre croyance, sans prosélitisme.

 

Soutien

12. Existe-t-il un réseau ? Une aide pour l’ouverture d’une école de ce type ? ou pour la formation à cette pédagogie ?

D’un point de vue financier nous avons pu compter sur un fond de dotation des “frères plymouth” à hauteur de 3000euro et 7500euro d’un financement participatif sur Bluebees.

On a un partenariat avec “terre et humanisme” qui est viennent faire des ateliers à l’école. Et là nous venons de déposer un dossier de demande d’aide à “nature et découverte” et “terra Symbiosis”.

J’ai vu 2 ou 3 sites d’association, mais plus souvent pour les enfants de moins de 6 ans car il n’y a aucune obligation d’instruction avant 6 ans, donc il y a pas mal de propositions pour les enfants en dessous de 6 ans. Mais je ne connais pas de mouvement, ni d’école à proprement parlé en France.

 

13. Quels conseils donneriez-vous aux porteurs de projet d’école ou enseignants s’intéressant à cette pédagogie ?

Etre au moins un petit groupe pour démarrer. Nous étions 3 familles. Seule je ne l’aurais pas fait, bien que de fût une néssecité. Quand tu n’as pas le choix tu vas plus vite car c’est vital, pas envisageable autrement. Et nous proposons autre chose qu’une école.

Pour les enseignantes dans le circuit classique qui voudraient introduire du végétale au sein de leur école je recommande le petit jardin de l’écolier : http://lepetitjardin22.canalblog.com/aide qui oeuvre pour l’éducation à l’environnement en direction des enfants, des adolescents, des enseignants et de toute personne intéressée par la connaissance et la protection de l’environnement avec la mise en place de “talus pédagogique” source d’observations, de pratiques et de travaux pédagogiques interdisciplinaires (Français, mathématiques, sciences, arts plastiques, histoire, éducation à la citoyenneté…) dans les écoles en collaboration avec les municipalités,

Pour soutenir l’école c’est ici https://www.ecolebuissonniere07.org/faire-un-don

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